Quelle est donc cette étrange association d'hommes politiques?

L'organisation tirerait son nom d'un compagnonnage issu de l'artisanat des producteurs de charbons de bois.

Ce n'est qu'au début du XIXème siècle qu'elle prend les traits d'une organisation politique destinée à abattre toute forme de pouvoir tyrannique.

En France, des officiers italiens enrôlés dans l'armée française, l'implantent dans le royaume de Naples dont Joachim Murat, maréchal d'empire de Napoléon Ier, est le roi. Ce dernier fit office, malgré lui, de rampe de lancement pour les premiers Carbonari qui allait envahir toute l'Italie et se répandre en France tout en parvenant aux portes de l'Espagne.

De 1806 à 1815, la première phase de développement de la Charbonnerie est caractérisée par l'éclosion de "fraternités" entre militaires qui firent concurrence avec les autres loges maçonniques protégées par le gouvernement français. Sous sa forme napolitaine, elle est essentiellement antifrançaise et opère contre Murat. Après la chute de l'aigle Napoléonien, l'organisation prend du galon. Comme tout mouvement politique qui entend imposer ses idées, elle décide de se structurer. Malgré des identités politiques multiples, la charbonnerie italienne est une organisation de recrutement militaire.

En 1817, les conspirateurs sortent de l'ombre et passent à l'action. Dans la nuit du 24 juin, les Carbonari des Marches, région italienne où ils sont implantés, tentent un soulèvement dans la ville de Macereta. Trop peu nombreux, ils reculent dans leur entreprise. La secte a beau défendre l'idée de l'Italie libre face au joug autrichien, mais elle manque toutes ses manœuvres.

L'insurrection à Naples en 1820, levée par des officiers Carbonari et dirigés par le général Guglielmo Pepe, auxquelle s'ajoute des aristocrates libéraux, va entraîner l'abdication du roi Victor-Emmanuel Ier, ainsi que la proclamation d'une constitution empreinte de libéralisme. Hélas le bloc des puissances européennes briseront ces conquêtes politiques à la suite du congrès de Troppau et de Laybach.

Qu'importe l'organisation a déjà franchi la frontière italienne.

La France est, après l'Italie, le pays où le carbonarisme connaît sa plus grande expansion. Il y est importé de Naples, en 1820, par Joubert et Dugied.

Joubert décide de rester combattre en Italie tandis que Dugied va à Paris, muni des précieux statuts de l'association et réunit chez un étudiant du nom de Bazard, plusieurs esprits intéressés par le carbonnarisme.

Imprécis, l'acte de fondation à une brève énonciation: "Attendu que force n'est pas droit et que les Bourbons ont été ramenés par l'étranger, les Charbonniers s'associent pour rendre à la nation française le libre exercice du droit qu'elle a de choisir le gouvernement qui lui convient". Donc tout naturellement, l'association s'insère dans les classes moyennes et ouvre ses rangs aux leaders de l'opposition libérale. Des noms tels que Buchez, La Fayette, Dupont de l'Eure, Voyer d'Argenson, Kochelin ou, plus tard, Auguste Blanquini, font leur entrée dans la société secrète et ce malgré leurs divergences politiques. Ne supportant plus la monarchie restaurée, les conspirateurs décident d'agir. Un pronunciamiento est mis en place. Nombre d'officiers et sous-officiers en demi-solde à Paris devront se soulever pour rendre possible le coup d'état. Le plan prévoit des soulèvements simultanés en province dont le but est de semer le trouble et la confusion au sein de l'autorité, avant de frapper la capitale.

Les Maîtres du complot se nomment Mallent, Bérard, Dumoulin, Nantil, Rey, La Fayette, Dupont de l'Eure, et Voyer d'Argenson. Mais les dénonciations nombreuses et convergentes de la garde royale parviennent à l'autorité militaire.

Le 19 août, celle-ci décide de procéder aux arrestations des comploteurs identifiés. Et comme dans tout complot qui se respecte, certains conspirateurs parviennent à s'échapper. Le gouvernement intelligent et modéré, sent qu'il ne faut pas punir trop sévèrement les éléments de la révolte pour ne pas susciter une réaction trop vive. Tout est dans la mesure !

La charbonnerie est différente des autres composantes maçonniques, car elle, s'attache à l'armée et à la gloire impériale. Les officiers les plus impliqués dans la charbonnerie, sont politiquement libéraux et sentimentalement bonapartistes. Autre élément présent dans cette association : un républicanisme latent. Même si une influence jacobine est à noter, elle a également tendance à se mêler à un libéralisme radical.

Basé sur les révolutions américaines et françaises, les principes fondamentaux du droit mettent en évidence le besoin du peuple de "decider" de la nature du régime et de la législature.

On comprend mieux pourquoi tant de juristes et d'étudiants en droit, feront partis de ses fondateurs.

À savoir que le droit n'est pas le seul pilier qui soutient la charbonnerie. Celle-ci se réfère aussi à un univers symbolique et parallèle mêlant à la fois le christianisme et le mysticisme qui surpassent les clivages politiques.

La version française en comparaison avec la version italienne, se déleste très vite d'un nombre considérable de rituels et de symboles, il n'en demeure pas moins que beaucoup de ses membres se rapprochent de la forme actuelle de la franc-maçonnerie. De même que les maçons classiques, les Carbonari fonctionnent en réseau, initient les nouveaux venus, cultivent l'art du secret et assurent la libre discussion d'idées philosophiques. Donc la fraternité entre maçons et Carbonari ne posent aucun problème, puisqu'elle lie des "cousins".

L'amour de la révolution apparaît chez les Carbonari comme un élément essentiel de leur religion institutionnelle qui emploie en société, la dissimulation d'une conviction mystique et secrete, où Dieu est mentionné dans le préambule des statuts de l'organisation. La juxtaposition d'idéaux politiques et religieux marque le flambeau des Lumières et le poignard secret utilisé pour saper le travail de la foi en Jesus-Christ.

Au bout du compte, toutes les insurrections menées par les Carbonari contre les monarchies impopulaires du XIX eme siècle, se soldent toutes par des échecs retentissants, au sein desquels le sang des martyrs sera l'encre servant à écrire leur histoire.

La révolution de juillet 1830, avec la fuite de Charles X et la chute des ultras-royalistes, contribuera à vider les rangs de la charbonnerie française en portant au pouvoir la tendance libérale et constitutionnelle qu'elle soutenait.

Pourtant à ce jour, une question demeure... Existe t-il à ce jour, des Carbonari?

Nulle ne le sait? Sauf peut-être, quelques militaires héritiers de cette association et de son savoir.

Dans cette vidéo, vous retrouverez en explication l'origine de cette société secrète, Les Carbonari.