Ils sont seize médecins -généralistes, anatomopathologiste, radiologues...- qui se sont réunis pour rédiger une brochure d'information "indépendante et sourcée" sur le cancer du sein.
Cécile Bour en fait partie. Radiologue depuis 25 ans, impliquée dans la lutte contre le cancer du sein comme "lectrice" de mammographies, elle explique pourquoi aujourd'hui, à contre-courant du discours des pouvoirs publics, elle milite pour que les femmes puissent décider en toute connaissance des données scientifiques actuelles si 'oui' ou 'non' elles doivent faire une mammographie.
Interview à rebrousse-poil :
Vous affirmez que les campagnes de communication autour du cancer du sein, comme "Octobre Rose", non seulement n'informent pas en toute objectivité les femmes, mais contribuent à les infantiliser. C'est-à-dire?
"Ces femmes qui font des courses avec un ruban rose, ces actrices ou ces chanteuses qui montrent leurs seins "pour la bonne cause", ces amies sur Facebook qui affichent la couleur de leur soutien-gorge ou de leur string, c'est du n'importe quoi ! Aujourd'hui, les médecins, et même l'entourage des femmes, culpabilisent celles qui ne souhaitent pas se faire faire une mammographie avec un discours moralisateur: "Si vous ne vous faites pas dépister, vous allez en mourir", "On va le découvrir trop tard", etc. On met de la terreur dans la tête des femmes, on ne les laisse pas réfléchir. Or l'information donnée n'est pas du tout contradictoire. Dans les plaquettes officielles distribuées dans les cabinets des médecins, les affirmations en faveur du dépistage ne sont jamais sourcées. Sans parler des conflits d'intérêts entre certaines des associations qui rédigent ces brochures et les laboratoires pharmaceutiques qui les financent."
Propos recueillis par Sandrine Chesnel pour "L'Express" - 12/10/2015
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