La plus haute juridiction américaine a refusé de se saisir d'une demande du groupe allemand sur le réexamen d'une décision de justice concernant son herbicide. Ouvrant la porte à un règlement des plaintes restantes potentiellement coûteux pour le groupe allemand.
C'est un coup dur pour Bayer. Mardi, la Cour suprême a fait part de son refus d'examiner une demande du groupe allemand à propos de son désherbant Roundup. De quoi rendre définitive sa condamnation préalable à verser 25 millions de dollars à un plaignant, atteint d'un cancer et attribuant sa maladie au produit chimique.
Cette décision pourrait avoir de lourdes conséquences financières pour Bayer : plusieurs dizaines de milliers de plaintes ont été déposées aux Etats-Unis par des utilisateurs du désherbant à base de glyphosate. Le groupe chimique a déjà provisionné plusieurs milliards d’euro pour faire face à ces litiges, mais les montants en jeu pourraient être encore supérieurs.
L'entreprise allemande a réagi en exprimant « respectueusement son désaccord avec la décision de la Cour suprême », qui a ainsi suivi la recommandation du ministère de la Justice. Elle a assuré dans un communiqué être prête « à faire face au risque légal associé à de futures plaintes potentielles aux Etats-Unis ».
Cet épisode est le dernier d'une longue série de revers pour Bayer, qui avait acquis l'américain Monsanto, fabricant du Roundup, pour 63 milliards de dollars en 2018. L'opération avait, à l'époque, été jugée téméraire, compte tenu de la réputation de l'herbicide et des déboires de Monsanto.
En 2020, un accord financier à 10 milliards de dollars, avec les trois-quarts des quelque 125.000 plaintes déposées à l'époque, avait laissé espérer au groupe allemand qu'une résolution avec le quart restant des plaignants était à portée de main.
La dangerosité du glyphosate en général et du Roundup en particulier fait l'objet d'un bras de fer juridique depuis des années. Pour faire intervenir la Cour suprême dans le litige, Bayer avait rappelé que l'EPA, l'agence fédérale de protection de l'environnement, n'a pas demandé à l'entreprise de mettre en garde contre l'utilisation de son produit.
Bayer ne prévoit d'ailleurs pas de changer sa ligne de conduite : le groupe indique « n'admettre aucun tort ni responsabilité », et va « continuer à soutenir ses produits Roundup, un outil précieux pour une production agricole efficace dans le monde », a-t-il indiqué.
Source : Véronique Le Billon (Bureau de New York) - Les Echos
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