L’ordre de la Rose-Croix

Publié le 15 décembre 2022 à 22:35

L'ordre de la Rose-Croix.

Ordre hermétique apparu en Allemagne dans la moitié du XVII eme siècle, la fraternité de la Rose-Croix a engendré plusieurs épisodes légendaires.

Revenons aux sources de cet ordre dont trois manifestes majeurs publiés entre 1614 et 1616 sont à l'origine du mouvement.

Christian Roseukreutz, dont la vie riche en voyage ésotérique représente la genèse de la confrérie. Il aurait vécu de 1378 à 1484 et serait mort à l'âge canonique de 106 ans. Orphelin d'une noble famille allemande mais sans le sou, le jeune Christian est éduqué dans un couvent. Puis au cours d'un long voyage en Méditerranée et d'un apprentissage initiatique, il va acquérir les sagesses et les connaissances de l'Orient. Cela n'est pas sans rappeler indirectement le lien avec le Grand Orient suprême obédience, qui plus tard aura pignon sur rue, en France.

À son retour, il souhaite confronter son savoir avec celui des grands cerveaux européens. Effrayés par ce personnage étrange, les savants européens le rejettent. Éloigné de leurs thèses Christian Rose-Croix décide de fonder dans un cloître la "maison du Saint-Esprit" afin de rassembler et archiver ses connaissances. Ensuite, il s'entoure de trois condisciples qui après lui avoir juré fidélité et silence, partent chacun de leur côté à travers le monde. Ainsi donc commença la fraternité de la Rose-Croix.

Cent vingt ans après la mort de Christian Rose-Croix, les frères de la troisième génération, découvrent son tombeau au cours de travaux de rénovation. Une inscription prophétique est gravée sur son sepulcre: "Post 120 annos patebo", ce qui signifie "après 120 ans, je m'ouvrirai". Face à cette découverte, les frères décident de révéler au monde la sagesse contenu dans ce livre. Elle est censée unifier celle du passé et de l'avenir, et proposer une réforme des sciences, de l'art, et de la religion. Très vite, l'hostilité papale se fait sentir.

Selon une majorité d'historiens, la publication des trois manifestes marquent les débuts de l'Ordre de la Sainte-Croix. Ces textes fondateurs auraient été rédigés par le cercle de Tübingen, un groupe composé d'humanistes de la confrérie rosicrucienne. Irenaeus Agnostus affirmait dans son "Clypeum veritatis" que le premier membre de la fraternité n'était autre que Adam lui-même, ce qui laisse entendre que la langue mystérieuse des Rose-Croix avait son origine dans le livre de la création: "on sait aussi que certains auteurs n'hésitent pas à faire remonter les premières sources de la société rosicrucienne à l'Antiquité égyptienne, et même encore plus loin chez ceux qui soutiennent la thèse d'un lien avec la mythique Atlantide". Comme par hasard, quand on developpe l'origine et les enseignements maconniques.

Spencer Lewis, dans son "History of the Order Rosae Crusis" n'hésitera pas à affirmer que le pharaon Thoutmosis III (1504-1450 av J-C) fût le fondateur de l'Ordre.

Michel Maier, de son côté, soutenait déjà, dans son Sylentium post clamores (1617), que les Rose-Croix étaient les héritiers des enseignements égyptiens et des mages perses.

La genèse mystérieuse de l'Ordre de la Rose-Croix explique les théories rocambolesques des premières années de sa création.

Une autre filiation légendaire va également lier la société des Rose-Croix aux Templiers. En 1623, un peu moins de 10 ans après la première publication des manifestes rosicruciens, le mouvement se propage en France. À Paris les concepts Rose-Croix sont moins bien accueillis qu'en Allemagne, où ils ont généré un profond enthousiasme notamment dans le "collège invisible" où les membres exercent la magie noire tout en abritant des sorciers pratiquant des incantations diaboliques. À Paris la simple idée de leur présence provoque la panique. Un pamphlet critiquant l'Ordre rosicrucien voit même le jour, s'appuyant sur l'argumentation de l'Inquisition ainsi que celle du roi de France, Philippe le Bel, pour condamner les Templiers. On accuse ses adeptes d'avoir effectué un pacte avec le diable et de vénérer une idole démoniaque. Les rosicruciens sont aussi accusés de bafouer les rites et les sacrements du Christianisme. Moins de 10 ans après la naissance officielle de l'Ordre, on prête aux rosicruciens une filiation directe avec l'Ordre du Temple.

En 1623, l'historien Gabriel Naude (1600-1653) participera à la propagation des premiers mythes rosicruciens, mêlant bruits de couloirs aux rumeurs les plus folles. Il donne ainsi sa vision du mouvement en décrivant une société secrète aux puissants pouvoirs occultes, farouchement opposés au catholicisme. Là aussi un parallèle est à faire avec les accusations templieres formulées 400 ans auparavant. Tout comme les Chevaliers de l'Ordre du Temple, les initiés Rose-Croix sont soupçonnés de considérer le pape comme l'Antichrist et tout naturellement de bafouer les institutions religieuses. Si dans certaines parties de l'Europe le mouvement rosicrucien est soutenu par une élite intellectuelle, en France, il est dépeint comme le refuge d'hérétiques sans foi ni loi, dont les capacités occultes sont le fruit d'une alliance avec les puissances démoniaques. La première partie du XVII eme siècle voit émerger la fraternité de la franc-maçonnerie. Ce mouvement se réclame d'une origine plus ancienne et rattaché au christianisme et au mythe biblique des bâtisseurs du Temple de Salomon. Dans une Europe férus d'ésotérisme de nombreuses passerelles commencent à s'établir entre les différents mouvements initiatiques; Templiers, Francs-Maçons et Rosicruciens. Avec le temps, ils sont inextricablement liés par l'histoire.

En 1754, le Baron Gotthelf Von Hund, fonde l'observance templière dans la survivance du mythe. Selon lui, le dernier grand Maître Jacques de Molay aurait désigné en secret un successeur avant d'être brûlé. Il s'agirait de Pierre d'Aumont, prieur templier d'Auvergne, qui aurait repris discrètement le flambeau; l'Ordre du Temple aurait donc continué d'exister de manière invisible. Plus simplement, "La franc-maçonnerie n'est que la perpétuation de l'Ordre secret du Temple destiné à renaître de ses cendres". Car si la franc-maçonnerie assimile une partie du mythe dans ses rites initiatiques, elle intègre également le mouvement rosicrucien dans ses grandes hiérarchiques. Ainsi certaines loges maçonniques attribuent le grade de "Chevalier du Temple", tandis que d'autres celui de "Chevalier de Rose-Croix". Ces influences mutuelles s'expliquent par le fait que plusieurs auteurs de textes rosicruciens sont aussi... Francs-maçons !

Autre action discrète de la franc-maçonnerie, intégrer les Églises pour corrompre insidieusement la doctrine et le culte.

Aujourd'hui, les Rose-Croix sont fractionnés en une multitude d'obediences toutes en concurrence pour attirer de nouveaux membres.

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