Avec des bénéfices s'élevant à plus d'un milliard d'euros, la société suisse Octapharma est l'un des quatre acteurs principaux de ce marché florissant. Ses centres de collecte, implantés principalement aux Etats-Unis, où le prélèvement rémunéré, interdit en Europe, est légal, attirent les habitants des quartiers défavorisés. Pour cette population appauvrie, le don de sang est parfois l'unique source de revenus. Cette marchandisation du corps pourrait présenter des risques sanitaires accrus, car elle incite les donneurs à mentir sur leur état de santé.
Sur les trois cent vingt mille dons du sang récoltés chaque année en Suisse, la Croix-Rouge helvétique revend 80 % du plasma aux industries pharmaceutiques. Méconnue, la pratique permet de fabriquer d’onéreux traitements destinés à lutter contre des maladies hématologiques et immunologiques, mais ne suffit pas à satisfaire la demande… Ce documentaire franco-suisse s’est penché sur ce business du sang, qui pèserait 17 milliards de dollars par an. Les journalistes sont notamment partis à Cleveland, dans l’une des banlieues les plus pauvres de la ville américaine. Ici, le don de plasma est rémunéré et toutes les grandes entreprises du marché sont présentes. Les salles de collecte ne désemplissent pas, fréquentées par les habitants du quartier qui viennent jusqu’à deux fois par semaine. Outre les effets — mal documentés — sur la santé des donneurs, le film pointe du doigt la drôle d’économie qui s’est mise en place, mêlant précarité, business de la drogue (qui s’accommode très bien de ces centres donnant de l’argent aux addicts du coin) et profits juteux (pour les multinationales). L’enquête est saisissante.
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