Julian Assange : son extradition autorisée suscite une levée de boucliers

Publié le 20 juin 2022 à 23:37

Nouveau retournement dans ce qui pourrait être l'affaire la plus emblématique de la liberté de la presse : vendredi 17 juin dernier, la ministre de l’Intérieur anglaise Priti Patel a approuvé l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis. S’il est extradé, il devra purger une peine de 175 ans de prison.

Pour rappel, depuis le 11 avril 2019, le fondateur de Wikileaks est détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh dans le Sud de Londres. Début 2021, la Haute Cour de Londres fermait la porte à son extradition. En décembre 2021, après que les États-Unis ont fait pression, la même instance judiciaire rouvre le sujet de l'extradition. En janvier 2022, Julian Assange est autorisé à faire appel de cette décision. Pendant ce temps, son père vient en Francepour défendre ses intérêts et l'Assemblée nationale française se penche sur un éventuel asile politique, mais ce dernier ne voit pas le jour, malgré les efforts de la gauche.

"Un jour sombre pour la liberté de la presse et la démocratie britannique"

Sur Twitter, Wikileaks a immédiatement réagi à cette tragique nouvelle : "C’est un jour sombre pour la liberté de la presse et la démocratie britannique. Julian n’a rien fait de mal. Il n’a commis aucun crime. Il est journaliste et éditeur, et il est puni parce qu’il a fait son travail. Nous ne laisserons pas cela arriver. Nous nous battrons pour rendre Julian à sa famille et pour rétablir la liberté d’expression pour nous tous."


Antoine Vey, l’avocat français en charge du dossier Assange, a déclaré qu’il allait déposer un recours devant la Haute Cour, puis devant la Cour européenne des droits de l’homme. Incarcéré dans la prison de haute sécurité de Belmarsh depuis 2019, Julian n’avait apparemment pas dormi de la nuit, d’après son avocat, dans l’attende de son verdict. Plusieurs médecins se sont d'ailleurs indignés du traitement subi par le journaliste, qui se trouve selon eux dans un état mental très préoccupant.

Levée de boucliers pour défendre le fondateur de Wikileaks

Dans un de leurs articles, qui semble être un avertissement à tous les journalistes d’investigation, le journal britannique The Guardian déclare : "Si et quand Assange sera mis dans un avion pour les États-Unis, le journalisme d'investigation subira un coup fatal et permanent. Et, le message sera envoyé aux criminels de guerre, non seulement aux États-Unis, mais dans tous les pays du monde, qu'ils peuvent commettre leurs crimes en toute impunité."


Parmi les politiques français, ce sont majoritairement Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis qui ont donné de la voix sur ce sujet. Le chef de file de la NUPES assurait, avant de voir l'issue des votes aux législatives, qu'il naturaliserait et décorerait Julian Assange s'il était élu Premier ministre. Cette déclaration a été retweetée par Edward Snowden, autre lanceur d’alerte qui avait mis le doigt sur la surveillance de masse orchestrée par la NSA. Lui, est actuellement réfugié en Russie.


Quant à Stella Assange, avec qui Julian s'est marié en prison, en mars 2022, elle clame qu'elle passera "chaque heure éveillée à se battre pour Julian jusqu'à ce qu'il soit libre et que justice soit faite".

Le 20 juin, le Premier ministre australien a déclaré vouloir s'engager "diplomatiquement" contre les poursuites engagées par les États-Unis contre Julian Assange.

Wikileaks, qu'es aquo ?

Pour rappel, Julian Assange, journaliste australien de 51 ans, avait publié via son site Wikileaks, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.

En guise d'exemples (il en existe des milliers), citons une vidéo montrant des soldats américains dans un hélicoptère, en train de rire alors qu'ils tiraient et tuaient des civils non armés en Irak – y compris un photographe de Reuters et son assistant. Au grand embarras des États-Unis, Wikileaks a aussi révélé que le nombre total de victimes civiles en Irak s'élevait à 66 000, soit bien plus que ce qui avait été reconnu. Le site a également jeté une lumière nouvelle et effrayante sur les mauvais traitements infligés aux détenus musulmans de Guantánamo Bay, révélant notamment que 150 personnes innocentes étaient détenues pendant des années, sans inculpation..

 

 

Source : France Soir

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